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12/10/2009

Au synode africain : les évêques ouvrent le dossier « néo-pentecôtistes contre Eglise catholique »

Le 8 octobre, Mgr Alfred Adewale Martins, évêque d'Abeokuta (Nigéria), a ouvert le difficile dossier du contentieux avec les néo-pentecôtistes :


 

« Ces groupes sont souvent très agressifs  », a-t-il souligné. Ils se comportent comme s'ils étaient en guerre contre l'Eglise catholique : « cette attitude se perçoit à travers la façon dont certains d'entre eux parlent d'elle comme d'une Église morte ». Mgr Adriano Langa, évêque d'Inhambane (Mozambique), a évoqué la croissance de ces mouvements : « chaque jour, nous assistons à l'exode des catholiques dans leur direction  », a-t-il souligné.

Pourquoi ce phénomène ? En Afrique, selon Mgr Langa, c'est le manque d'inculturation de l'Eglise catholique qui est en cause : « En sous-évaluant les langues locales et en centrant l'évangélisation surtout sur les enfants et non sur les adultes, comme cela a eu lieu dans un passé récent, ou en interdisant la lecture de la Bible, comme cela était le cas il n'a pas si longtemps que ça, ou encore en ne traduisant pas les Saintes Écritures dans les langues locales, l'Église catholique n'est pas encore parvenue à donner aux catholiques d'Afrique un langage et un style qui leur soient propres … C'est pour cela que les catholiques africains ont développé un complexe d'infériorité et une certaine aliénation par rapport aux croyants des autres religions. »

Pour Mgr Martins, le problème concerne aussi la capacité d'accueil des communautés catholiques : « Nous devons nous assurer que personne n'est anonyme dans les paroisses, les plus vulnérables tels que les demandeurs d'emploi et d'autres encore, en particulier parmi les jeunes, devraient être soutenus et aidés dans leurs besoins tant matériels que spirituels, et quand cela est possible …  Il faut créer un ministère dans chaque paroisse qui s'occupe des préoccupations et des besoins des jeunes cadres et des professionnels présents parmi nos fidèles. »

J'ai évoqué dans le volet africain de mon livre [1] le prosélytisme acharné des « missions » néo-pentecôtistes, souvent nigérianes. Leurs succès s'expliquent en partie par des caractéristiques autochtones, comme la proximité psychique du néo-pentecôtisme avec les religions traditionnelles africaines. Ils s'expliquent aussi par une coloration magico-utilitaire (« l'Evangile de la prospérité »), parfois conjuguée avec des « méthodes de voyous », comme le dit vigoureusement le journaliste de RFI Sayouba Traoré (cf. note précédente).

Cela dit, l'hostilité envers l'Eglise catholique se retrouve aussi dans certaines mouvances évangéliques hors d'Afrique : notamment en France ou aux Etats-Unis [2], où l'on n'hésite pas à qualifier le catholicisme d' « Eglise morte » ; jugement qui traduit une inquiétante vanité de la part de ceux qui l'énoncent.

Je souligne que nombre de chrétiens évangéliques condamnent cette vanité et cette hostilité. Ils pratiquent le dialogue d'éclaircissement mutuel avec leurs frères chrétiens catholiques ; ce n'est évidemment pas eux le problème.


________

[1]  Les Evangéliques à la conquête du monde, Perrin 2009.

[2]  Ce dont les ultraconservateurs US se gardent bien de prévenir leurs homologues français : ils les laissent croire à l'existence d'un grand et chaleureux front commun.

 

 

Commentaires

EGLISES "MORTES" ?

> Il n'empêche que l'expression "Eglise morte" est un petit peu vraie. Mgr Martins fait allusion à l'anonymat dans les paroisses. Et il a raison. Nos paroisses sont souvent glaciales. Il n'y a aucun accueil, aucune fraternité, ou si peu. On ne cherche pas à connaître les autres et on ne trouve quasiment pas d'entraide fraternelle alors que c'est là en premier que l'on devrait en trouver. Les chrétiens catholiques sont devenus frileux, repliés sur le groupe qu'ils connaissent et j'ai souvent constaté le peu d'ouverture et d'accueil des nouveaux dans les différentes paroisses que nous avons fréquentées. Il y a peu de liens entre les paroissiens et quand il y en a, ils existent en fonction des réseaux socio-professionnels et pas par la paroisse. C'est un domaine où l'on devrait s'inspirer des pentecôtistes. Le manque d'amour et de fraternité est en train, à mon sens, de tuer l'Eglise. Il est urgent de retrouver l'amour fraternel des premiers chrétiens (même si tout n'était pas rose, relisons les lettres de saint Paul). A nous de savoir tendre la main.

Écrit par : vf, | 12/10/2009

> Ce que vous constatez sur des paroisses catholiques est dit aussi par des évangéliques, par exemple dans le livre de PP. Mais "Eglises mortes" dans leur langage ne veut pas dire "Eglises où les gens sont froids", c'est plus grave, cela veut dire "Eglises où l'Esprit ne parle pas". C'est cela qui est inacceptable de la part de ces censeurs. De quel droit prétendre savoir où souffle l'Esprit ? ni eux ni personne n'en sait rien.

Écrit par : Meriem, | 12/10/2009

CELLULES PAROISSIALES D'EVANGELISATION

> D’accord avec vf sur la froideur de l’accueil dans bien des paroisses. Mais je recommande à ce sujet le numéro de « Famille chrétienne » consacré durant l’été (1) aux cellules paroissiales d’évangélisation, nées à Milan et qui se répandent un peu partout. On voit bien, avec ces petits groupes d’accueil paroissial appelés à évoluer, se renouveler voire se scinder au gré des entrants, qu’il faut casser le lien vertical privilégié historiquement - et souvent exclusivement - par l’Eglise catholique ; ce lien selon lequel toute demande de sacrement se gère entre le curé et la famille demandeuse, point barre ! Eh bien non, on s’en rend compte de plus en plus aujourd’hui, la relation de consommateur à curé, de fils à père est insuffisante. L’esprit aussi doit souffler, et les cellules paroissiales d’évangélisation (6 à 8 personnes par CPE) sont là pour accueillir, encadrer, accompagner, élever par la force du témoignage celui qui a demandé le baptême, la confirmation ou qui se prépare à recevoir pour la première fois l’eucharistie. Ces CPE me semblent être le bon instrument pour donner à des consommateurs de sacrement répétant souvent une tradition familiale, l’opportunité et la joie de rencontrer véritablement le Christ. En tout cas, au vu des témoignages relayés par « Famille chrétienne », il est clair que là où des cellules paroissiales d’évangélisation se constituent et grandissent, on n’entend plus parler d’« Eglise morte ».
(1) www.famillechretienne.fr/agir/evangelisation/cellules-paroissiales-devangelisation-pentecote-amilan_t11_s66_d52943.html

Écrit par : Denis, | 12/10/2009

ORGUEIL ?

> J'ai bien peur que le protestantisme ne soit orgueilleux dés sa naissance... Il n'en a toujours pas trouvé le chemin du repentir.

Écrit par : Julius, | 12/10/2009

> Un exemple de paroisse et de pôle missionnaire revivifiés par les cellules paroissiales d'évangélisation :
http://www.paroissesenartnord-meaux.cef.fr/spip.php?article75
http://www.paroissesenartnord-meaux.cef.fr/spip.php?article294
Voir aussi l'enseignement du Père José destiné aux cellules paroissiales d'évangélisation :
http://paroissesenartnord-meaux.cef.fr/spip.php?article300

Écrit par : Michel de Guibert, | 12/10/2009

PARTOUT ?

> "l'Église catholique n'est pas encore parvenue à donner aux catholiques d'Afrique un langage et un style qui leur soient propres …" C'est pas un peu pareil partout dans le monde?

Écrit par : Gégé, | 13/10/2009

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